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Ma mission de stage civique de terrain ? "Feed the people" !

Julia Galan in the kitchen
Nouveauté de cette année 2018 pour les étudiants du 1er cycle du Collège universitaire, le "parcours civique" intégré à leur formation, leur propose de tisser des liens entre leurs enseignements suivis en sciences humaines et sociales et des expériences d'engagement menées sur le terrain à travers notamment dès la 1ère année, le stage civique de terrain. Pour celles et ceux qui se demandent à quoi peut ressembler un stage civique et qui cherchent des exemples de mission, le stage de terrain qu'avait réalisé Julia Galan au sein de l'association Help Refugees, à Thessalonique, en est une parfaite illustration. Témoignage...

Comment avez-vous trouvé votre stage ?

(J.G) : Depuis la classe de première, j'avais fait plusieurs missions de bénévolat pour deux associations : l'Auberge des migrants et Help Refugees. Au fil de ces missions, j'ai fini par travailler presque uniquement pour le projet de la "Refugee Community Kitchen", qui préparait jusqu'à 2000 repas par jour pour les migrants, juste avant le démantèlement de la "jungle" de Calais. Puis la situation à Calais s'est dégradée, le camp a été rasé. Des contacts de bénévoles sur place me parlaient des difficultées rencontrées pour continuer à distribuer des repas en raison des vives tensions avec les forces de l'ordre sur place. Alors que j'entamais mes recherches de un stage de terrain, j'ai vite réalisé que mon idée initiale d'aller à Calais pour mon stage était compromise. C'est alors en connaissance des besoins d'action sociale et humanitaire au nord de la Grèce, autre important point de passage, que je me suis renseignée auprès de la présidente de l'association l'Auberge des Migrants. Elle m'a alors conseillée d'aller faire mon stage à l'entrepôt de Help Refugees sur le projet "Sould Food Kitchen & philoxenia" à Thessalonique. 

Depuis la classe de première, j'avais fait plusieurs missions de bénévolat pour deux associations : l'Auberge des migrants et Help Refugees. 

Quelles y étaient vos missions et environnement de travail  ?  

(J.G) :  Au rythme de l'été caniculaire grec, je travaillais dans le cadre du projet "Soul Food Kitchen & philoxenia" à la préparation de repas dans une petite cuisine à l'équipement professionnel mais rudimentaire de l'entrepôt industriel de l'association, situé en banlieue de Thessalonique. Chaque jour nous préparions entre 200 et 250 déjeuners et dîners que nous distribuions ensuite avec du pain et de l'eau, à toutes les personnes dans le besoin à Thessalonique : personnes sans domicile fixe, junkies, réfugiés en situation d'urgence, réfugiés économiques... Le slogan de l'association : "Feed the people" ! 

Tout au long de mon stage, je devais contribuer au bon fonctionnement de cette cuisine. En recourant à des compétences plus personnelles et à ma simple motivation intérieure, j'ai aussi quelques fois travaillé sur d'autres projets de l'association ou d'autres associations locales : projets d'intégration locale, de distribution de vivres, de tri de dons, ou le projet d'une menuiserie mise à disposition devant des camps...Je suis aussi allée travailler dans des camps organisés par les autorités grecques, et effectué des déplacements dans le cadre de projets d'intégration locale des populations migrantes.

"Au rythme de l'été caniculaire grec (...) chaque jour nous préparions entre 200 et 250 déjeuners et dîners que nous distribuions ensuite (...) à toutes les personnes dans le besoin à Thessalonique : Sans Domicile Fixe, junkies, réfugiés en situation d'urgence..."

Quels obstacles avez-vous rencontré et comment les avez-vous surmontés ?

(J.G) : Les journées à la cuisine étaient très intenses, physiquement et mentalement : le rythme de travail assez soutenu et les journées répétitives me conduisaient souvent à devenir moins tolérante et volontaire dans le travail d'équipe à la cuisine. J'étais toujours curieuse et motivée, j'essayais de faire du mieux que je pouvais, mais quand la motivation retombait, il fallait savoir puiser dans mes convictions, ma volonté ou l'énergie que les autres me transmettaient, pour continuer à bien travailler. Le fait de travailler un mois et demi au même endroit me rendait parfois moins assidue et passionnée. Les bénévoles ne restaient pas très longtemps, en moyenne une semaine sur place, et c'était un peu lassant de devoir reconstruire à chaque fois des habitudes de travail, de réexpliquer les choses, et de récréer des liens.

Les conditions pratiques, comme le logement, la chaleur caniculaire, la fatigue, le fait de parler tout le temps anglais, étaient aussi parfois des difficultés. Mais finalement, même si certaines journées étaient moins enthousiasmantes, je finissais toujours par retrouver les points positifs qui me faisaient aimer ce stage. J'avais pris mes habitudes et j'avais plus de responsabilités au fur et à mesure du stage, ce qui était vraiment encourageant. 

"quand la motivation retombait, il fallait savoir puiser dans mes convictions, ma volonté ou l'énergie que les autres me transmettaient, pour continuer à bien travailler."
"Pour moi, l'engagement rime avec cohérence, réflexion, principes, convictions, valeurs, long terme, pensée approfondie sur l'éthique et l'apport de mon action, vers autrui. Un bien grand mot en tout cas !"

 

Quelles compétences avez-vous acquises à travers cette expérience ?

(J.G) : J'ai beaucoup réfléchi sur ma manière de "recevoir" l'autre, de travailler avec des gens parfois très différents, et sur la façon de communiquer dans un contexte de travail. J'ai réalisé que j'avais besoin d'évoluer dans ce que je faisais, d'être face à de nouveaux défis et de nouvelles responsabilités. J'ai aussi appris des choses très concrètes à la cuisine, des compétences techniques, des compétences d'organisation, des recettes, sur un plan plus trivial ! J'ai enfin également appris sur le sujet de la situation de la migration en Grèce et en Europe méditerranéenne.

Pour vous "engagement" rime avec ?

(J.G) : "cohérence", "réflexion", "principes, convictions, valeurs", "long terme", "pensée approfondie sur l'éthique et l'apport de mon action", "vers autrui". Un bien grand mot en tout cas !

 

Last modified 2018-02-12
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