Je suis consultante spécialiste des conflits pour la Banque Mondiale. Diplômée du Master in International Security de Sciences Po en 2019, je me suis progressivement spécialisée sur une niche assez étroite mais passionnante de la coopération internationale : le développement en contextes de crises et de conflits. J'ai commencé ma carrière au sein du cabinet d'études Altai Consulting sur un projet de suivi pour un fonds de stabilisation de l'Union Européenne au Sahel. J'ai ensuite rejoint l'Agence Française de Développement (AFD) au sein de sa Direction Régionale Sahel au Burkina Faso pour appuyer les opérations de son fonds Minka dédié à la consolidation de la paix au Sahel. J'ai finalement intégré la Banque Mondiale il y a un an, pour y développer des outils et méthodes d'adaptation aux contextes de conflits en Afrique de l'Ouest et Centrale - ce qu'on appelle la sensibilité aux conflits.

L'Afrique regorge d'opportunités ! La première étape est de bien identifier les portes d'entrée. Les VIA (volontariat international en administration) et VIE (volontariat international en entreprise) sont destinés aux jeunes diplômés et jeunes actifs et peuvent être des tremplins, j'en ai moi-même bénéficié lorsque j'ai rejoint l'AFD. Pour le système des Nations Unies, où les positions junior (P-1) sont très rares, le VNU (volontariat des Nations Unies) est une autre opportunité, avec certaines perspectives d'évolution (en fonction des agences et des financements bailleurs). Ce sont cependant des offres très demandées, et la compétition pour les obtenir est rude. À savoir, certains VNU sont réservés aux ressortissants des États les finançant, ce qui réduit considérablement le pool de candidats. Il ne faut pas se décourager, ne pas mettre toutes ses chances sur un même poste et persévérer !

Mes études m'ont transmis la passion des affaires internationales, et notamment de la géopolitique de l'Afrique. Dès ma deuxième année de Collège Universitaire, j'ai axé tous mes électifs autour de ces questions. J'ai eu accès, à travers mes cours et mon projet collectif de Master, à de grands spécialistes des questions internationales et africaines, qui ont constitué mon premier réseau professionnel et m'ont aidée à m'orienter vers mes premières expériences professionnelles sur le continent. J'ai enfin eu l'espace et la liberté nécessaire pour développer mes projets, de la publication de mon premier recueil de nouvelles sur l'Afrique en 2016 (Éclats d'Afriques) au choix de mon sujet de Grand Oral sur la sensibilité aux conflits des interventions humanitaires, qui me guide toujours aujourd'hui dans ma compréhension de mon métier et de mon secteur.

Cela dépend beaucoup des contextes et des secteurs d'activité. Pour les contextes de crises et de conflits, ceux que je connais le mieux, il est nécessaire d'avoir ou de développer une certaine capacité d'adaptation et de résilience. L'humanitaire est également plus sensible aux temporalités urgentes, il faut être capable de produire rapidement et sous contraintes (de temps, de budget...). Plus globalement, il faut être prêt à se confronter à d'autres visions du monde, ne pas avoir trop d'idées préconçues. Lire des œuvres d'auteurs africains avant même de poser un premier pas sur le continent m'a beaucoup enrichie.